Une bonne raison pour acheter un magnum de Bourgogne

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L’engouement pour les vins de Bourgogne ou une bonne raison d’acheter un magnum de vin de Bourgogne!

Depuis quelques années déjà, le monde entier s’arrache les vins de Bourgogne. La plupart des domaines prestigieux fonctionnent avec un système « d’allocations » selon lequel c’est le domaine qui détermine chaque année la quantité de bouteilles dont pourront bénéficier les clients historiques, et très rares sont les nouveaux clients admis. Cette demande supérieure à l’offre a conduit naturellement à une flambée des prix : il n’est pas rare de constater un écart de 1 à 2€ entre les prix des vins de 2010 et ceux de 2020. 

Au-delà d’une série malheureuse et indéniable de petits millésimes en volume qui ont amputé l’offre de vins de Bourgogne et influé sur la hausse des prix.

Quelles sont les raisons profondes de cet engouement ?

La raison principale réside vraisemblablement dans la détermination des vignerons bourguignons à faire des vins de « terroirs » à l’heure où bon nombre d’autres régions se laissaient tenter par les sirènes de l’œnologie moderne et leur capacité à façonner des vins plus « techniques » conformes aux attentes des dégustateurs internationaux (notamment le célèbre critique américain Robert Parker, faiseur de stars grâce à son système de notation sur 100 points).

A cette période donc (fin des années 90, début des années 2000), la Bourgogne résiste (en partie) en voulant défendre des vins faits avant tout à la vigne et qui ont le goût d’où ils sont nés : le fameux goût de terroir. De grands vignerons de l’époque réussissent à cultiver leur singularité tout en jouant la carte collective de la défense de leurs terroirs. Le classement des « climats » de Bourgogne au patrimoine mondiale de l’humanité par l’UNESCO en 2015 vient couronner leur détermination. 

A l’heure de la standardisation des produits, où les big mac et les coca-colas ont le même goût de Los Angeles à Pékin en passant par Paris, offrir des vins singuliers et uniques devient une force pour satisfaire une clientèle exigeante et éduquée en quête d’authenticité qui veut se différencier du consommateur lambda. La Bourgogne devient donc un eldorado où les importateurs du monde entier viennent chercher les pépites qui vont alimenter les restaurants gastronomiques, bar à vins et cavistes haut de gamme des grandes métropoles internationales. Les amateurs gastronomes vont trouver dans ces vins les compagnons idéales d’une cuisine authentique. La trame globalement acide des Bourgognes, leur salinité et leur minéralité s’accordent parfaitement à une cuisine élaborée qui se construit en opposition avec la cuisine industrielle grasse et sucrée.

Les vins de Bourgogne sont idéales avec la cuisine

Cet engouement international se confronte à une offre bourguignonne très fractionnée. La taille moyenne d’un domaine bourguignon est d’environ six hectares contre vingt hectares pour le Bordelais. Ces six hectares sont souvent morcelés entre une dizaine de parcelles d’appellations différentes. Cette structuration de l’offre conduit à la production de micro-cuvée de trois ou quatre mille bouteilles par an. L’exemple de la Romanée Conti est significatif : ce vin légendaire, considéré comme le graal bourguignon, n’est produit qu’à raison de six milles bouteilles par an quand Château Margaux, son « concurrent » de Bordeaux sort cent-vingt-mille bouteilles sur la même période.

 Bouteille de vin de Bourgogne de Romanée Conti

La confrontation d’une demande internationale considérable et d’une offre très limitée par cuvée a naturellement conduit à une hausse considérable des prix.

Faut-il pour autant être milliardaire pour boire un grand vin de Bourgogne ? 

Ma réponse est mitigée. La Bourgogne qui fait rêver et qui est souvent sous les feux de la rampe médiatique est principalement celle des « grands crus » qui représentent en fait seulement 1.5% de la production annuelle totale.

Les vins de Bourgogne sont en effet structurés en quatre niveaux d’appellation (cf graphique ci-dessous) : Les grands crus, les Premiers Crus, Les Villages et les appellations régionales.

Classification des appellations des vins de Bourgogne

Si l’on souhaite boire un Bourgogne grand cru, issu d’un domaine prestigieux, il faut effectivement aujourd’hui être prêt à débourser plus d’une centaine d’euros par bouteille : un magnum de grand cru plus rare encore sera évidemment vendu plus du double d’une bouteille.

Fort heureusement, comme l’indique la pyramide des appellations ci-dessus la Bourgogne ne se résume pas à ses grands cru et le savoir-faire que les vignerons ont développé au fil des décennies pour mettre en valeur leurs terroirs les plus prestigieux contribue aussi à la production de vins d’appellations plus modestes, « Village » ou « Bourgogne régionaux » fort intéressants pour l’amateur moins fortuné.

Sans prendre de risque on peut s’essayer à gouter les « entrées de gamme » des domaines les plus connus : en côte de nuit un domaine de belle réputation qui vend trois cent euros un grand cru pourra proposer un Bourgogne ou un Haute-Côte de nuits entre vingt et trente euros. Certes ces vins n’auront pas la même capacité à vieillir que leurs augustes ainés, ni leur complexité aromatique ou leur longueur en bouche. Pour autant, ils sauront révélés les beaux aromes et la finesse du pinot noir et un équilibre en bouche très plaisant dès leurs premières années de bouteille.

Les côteaux de Bourgogone

Arpenter les coteaux de la côte Beaune, de la côte de nuits, de la côte chalonnaise, du mâconnais ou du chablisien permet à celui qui est motivé de découvrir des vins très intéressant sans casser sa tirelire. Encore « occultés » par l’ombre des grands noms de l’imaginaire collectif vineux comme Meursault, Pommard, Volnay, Vosne-Romanée, Gevrey-Chambertin, Chambolle-Musigny, ou Puligny-Montrachet, nombre d’autres d’appellations comme Saint-Romain, Fixin, Marsannay, Pernand-Vergelesses, Givry, Mercurey, Montagny, Rully, Macon, Pouilly-Vinzelles, ou Saint-Veran pour n’en citer que quelques-unes offrent des vins de grande qualité à des prix qui restent raisonnables. On peut y acquérir des magnums de grands vins avec un véritable potentiel de garde que l’on n’aura pas peur pour autant d’ouvrir dans des moments de convivialités et de partage entre amis ou en famille.

Les amateurs plus fortunés ne doivent pas se priver des opportunités d’acquérir un magnum d’un grand cru prestigieux. Pour celui qui saura le laisser vieillir pour développer toute sa complexité, ce magnum pourra être bu au cours d’un repas mémorable dont chacun gardera un souvenir ému.

Acheter un magnum de vins de Bourgogne, c’est acquérir un petit bout de terroir authentique et patiemment construit depuis des siècles et lui donner toutes les chances de vieillir idéalement en cave pour le déguster à son apogée avec délice et convivialité.

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